Sommeil hybride
Installation avec draps de l’hôpital psychiatrique de Malévoz, encre sur drap, technique mixte sur assiettes en céramique, 2022
L’installation Sommeil hybride prend place au Laurier, dans l’espace qui faisait partie de la buanderie de l’hôpital et qui a été mon atelier pendant mes deux mois de résidence au Quartier Culturel de Malévoz.
Ce lieu est adjacent à la buanderie actuelle qui est toujours en fonction.
Pendant ma permanence, j’ai été interpellée par ce que signifie laver dans un lieu où l’on vient pour soigner les maux de l’esprit. J’ai réfléchi à l’importance de cette opération domestique et régulière qui, à mes yeux, contribue de manière symbolique à une sorte de renouvellement. J’ai pensé à comment des mains invisibles répètent les même gestes pour prendre soin des habits, des duvets, des oreillers que j’ai pu percevoir suspendus en train de sécher. En écoutant les bruits dans le bâtiment du Laurier, j’ai imaginé les draps de lits de Malévoz, témoins de nuits paisibles et de nuits agitées, les draps qui évoquent un sentiment de refuge et de protection, l’eau, l’inconscient et le non-faire qui peut restaurer.
Sur des draps, je me suis mise à la peinture en reconstituant un monde sous-marin silencieux où les plantes aquatiques s’inspirent de cellules ciliées présentes à l’intérieur du corps humain, pas très différent du milieu liquide des océans, un lieu où la vie se régénère, une archive silencieuse de choses oubliées et de fragments du passé.
Dans cette dimension les objets se métamorphosent en intégrant les éléments naturels. Le vivant pousse entre les fissures et assume de nouvelles complémentarités capables d’interagir et de survivre.
Les objets du quotidien et leur débris, coulés au fond de l’eau, deviennent des hybrides et leur unique but est d’être en relation sans devoir répondre à une fonction. Dans le contexte de l’hôpital, la maladie provoque également une perte de fonctionnalité, le masque social est mis de côté et il devient possible de cultiver l’espace entre les fissures, faire pousser les plantes aquatiques dans les blessures.
C’est ainsi que la métamorphose des assiettes s’est réalisée dans un travail collaboratif, comme une plongée dans le monde onirique du possible, un lieu aquatique de cohabitation, interaction, diversité et symbiose de formes vivantes et non vivantes.
Installation with sheets from the psychiatric hospital, ink on sheet, mixed technique on ceramic plates, 2022
Sommeil hybride (hybrid sleep) relates to the installation space, which was part of the hospital’s laundry room, next to my two-months residency studio at Quartier Culturel of Malévoz, in Monthey psychiatric hospital.
This space is adjacent to the current laundry room.
During my residency, I reflected about the meaning of washing in a place where one comes to heal the ills of mind. I thought about the importance of this regular domestic operation, which might contribute, in a symbolic way, to a kind of renewal. I imagined the invisible hands repeating the same gestures everyday to take care of the clothes, the duvets, the pillows that I perceived drying up on the clothes racks.
Listening to the noises in the building, I visualized the sheets of Malévoz’s beds, as witnesses of peaceful and restless nights, sheets that evoke a sense of refuge and protection, the water, the unconscious and the idleness that might restore.
On sheets, I painted a silent underwater world where aquatic plants are inspired by Celia cells present inside the human body, not very different from the liquid environment of the oceans: a place where life regenerates, an archive of forgotten things and fragments of the past.
The everyday objects and their debris integrate the natural elements, the living grows between the fissures and assumes new complementarities able to interact and survive. The objects become hybrids and their sole purpose is to be in relationship, without the need of responding to a function.
In a similar way illness causes a loss of functionality and it becomes possible to cultivate the space between the cracks, to grow water plants in the wounds.
The hybrid plates have been realised in a collaborative work, as a dive into the dreaming world of the possible, an aquatic place of cohabitation, interaction, diversity and symbiosis of living and non-living forms.